Les AMIS DE LA M.F.R.

                                   DE ST YZANS

Faire faire ne pas laisser faire

  

                      

 

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Sébastien VICAIRE  ancien élève de la MFR à Réussi au CANADA.(SUD OUEST)

L'as du vin au Canada:

 

Médocain de naissance, Sébastien Vicaire a tout quitté à 24 ans pour le Nouveau Monde. Grâce à lui, les vins du Québec commencent à se faire un nom.

Sébastien Vicaire exporte avec succès le modèle bordelais d'élaboration du vin au Québec. a.H.

 

 «Mon sac à dos et ma brosse à dents. » Quand Sébastien Vicaire a débarqué à Montréal en 1998, c'était « présentement avec le strict minimum », explique-t-il, cachant mal son parler québécois. Quand il s'est envolé pour l'Amérique, Sébastien avait 24 ans et encore l'accent du Sud-Ouest. Après six années d'études en vinification à la Maison familiale rurale de Saint-Yzans-du-Médoc, il est devenu maître de chai au château Monbrison, à Arsac. C'était son premier job en France. Et le dernier.

 

Son départ s'est fait « sur un coup de tête », avoue-t-il. À l'époque, il ignore complètement l'existence de vignobles au Canada. Il souhaite simplement partir pour quitter la France, « son stress, ses gens irrespectueux, la violence et un mauvais climat social ». Ce ras-le-bol général le pousse à traverser l'Océan. Mais l'homme ne souhaite pas devenir un déraciné. Choisir Montréal, c'était « rester au contact de gens qui parlent français », reconnaît-il.

« Accueilli les bras ouverts »

 

Débrouille et système D rythment ses débuts. Pendant trois ans, c'est la galère : impossible d'obtenir des papiers. Difficile, donc, de trouver un emploi et un logement. En attendant, il multiplie les petits boulots, des travaux domestiques le plus souvent. C'est suffisant pour vivre correctement car, là-bas, « la vie n'est pas trop chère », souligne-t-il. Côté logement, après une première semaine passée à l'hôtel, Sébastien vogue de colocation en colocation, où il est « accueilli les bras ouverts ». La vie qu'il attendait.

 

Mais tous les six mois, son visa expire. Les allers-retours avec la France vont durer trois ans. En 2001, on lui livre ses papiers. Il dégote un poste d'agent de sécurité à l'Université de Québec à Montréal. C'est là-bas qu'il fait la connaissance, par hasard, d'un Français propriétaire d'un vignoble, et apprend pour la première fois « l'existence des vins québécois ».

« Le vin était trop acide »

 

Cette rencontre va tout changer. Grâce à quelques contacts, il devient conseiller en vinification d'un premier vignoble. À l'époque, la culture du vin a du mal à percer et les méthodes d'élaboration sont peu développées. Surtout, « le vin n'est pas très bon, car trop acide », assure Sébastien. Il va donc enseigner aux propriétaires de vignobles des techniques de désacidification naturelle et exporter le modèle bordelais : une longue macération et un vieillissement en fût de chêne pendant dix-huit mois. Trop heureux de pouvoir bénéficier de l'expertise d'un Médocain, berceau de la culture du vin, les viticulteurs québécois lui accordent sans hésiter « une confiance totale ».

 

Et ça marche. Aujourd'hui, Sébastien Vicaire conseille 15 vignobles au Québec. Il tient même une chronique dans un hebdomadaire. « La qualité de la production s'est beaucoup améliorée », vante-t-il. Les vins sont plus équilibrés, « acidité, fruits et alcool sont mieux agencés et les tanins sont bien fondus avec l'ensemble », poursuit-il. Le résultat plaît aux palais puisque Sébastien Vicaire revendique une centaine de médailles d'or ou argent accumulées en dix années, lors de concours de dégustation. Son fleuron, un vin rouge très parfumé du vignoble d'Oka.

 

Fort de son succès, Sébastien Vicaire a monté une entreprise d'import-export de vins québécois, en collaboration avec un autre Français, propriétaire d'un vignoble autour de Montréal. « Nous sélectionnons des vins pour les plus grandes tables du Canada », affirme-t-il. Son prochain objectif: les États-Unis et l'Europe, pour celui qui revendique l'appellation d'« ambassadeur du vin du Québec ».

Alexandre Hiélard